lundi 27 février 2012

Camouflage 14-18


 
Leon Underwood, L'installation de l'arbre camouflé. 
Huile sur toile, 106 x 152 cm, Imperial War Museum, Londres.

La guerre de 1914-1918 ne fut pas la guerre éclair tant attendue. Elle s’enlisa rapidement et, avec la mise en place des tranchées, devint une guerre de position où la survie dépendait essentiellement du silence et de l’invisibilité des troupes. Il fallait voir sans être vu, surveiller sans se faire repérer pour anticiper les mouvements de l’ennemi ou attaquer sans envoyer à l’aveuglette projectiles et soldats. Le camouflage n’était plus une ruse ponctuelle comme dans les guerres de mouvement, mais un moyen de combat offensif et défensif.
Guirand de Scevola, jeune peintre canonnier de 2e classe, eut le premier l’idée de camoufler le matériel en le peignant. De cette invention naquit la première équipe de camouflage, placée sous sa direction, dont le ministre de la guerre ratifia l’existence officielle le 12 février 1915. Une fois reconnu, codifié et organisé, le camouflage pris rapidement une importance considérable comme méthode stratégique passive et active : de 30 hommes en 1915, son effectif passa en 1918 à 3 000 hommes.
Comme méthode passive, la plus rapidement mise en place, il s’agissait de dissimuler le matériel, les routes, ponts et autres points stratégiques sous des filets ou par de la peinture. Le camouflage actif comprenait quant à lui la création de postes d’observation ou de tir invisibles en s’appuyant sur les accidents et les particularités du terrain (ruines, arbres creux, meules de paille, fossés…) ou en les fabriquant de toute pièce (comme le faux arbre contenant une guérite photographié par Louis Danton) pour les substituer de nuit aux véritables éléments ayant servi de modèle à leur élaboration. Toute modification du paysage étant suspecte, il fallait remplacer un objet réel par son fac-similé, la copie étant aménagée de manière à contenir un ou plusieurs hommes avec du matériel militaire. Parfois ces doubles servaient à dérouter l’ennemi et le diriger sur des cibles fictives ou des positions erronées par la confection de canons ou de véhicules factices et de faux terrains d’aviations ou dépôts de munitions.
Auteur : Claire le Thomas

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